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Connaissez-vous le savoir-faire indien du block print ?

Très tendance aujourd'hui, les textiles indiens imprimés traditionnellement avec des tampons en bois s'invitent dans nos dressings et dans nos intérieurs. Depuis son ouverture en 2022, La Boutique Appart' a eu à cœur de vous présenter une large sélection de ces imprimés sous différentes formes : nappes, serviettes, rideaux, coussins, gilets …Nous vous proposons aujourd'hui de découvrir l'étonnante histoire de ces cotonnades aux motifs floraux ou géométriques ainsi que les étapes de ce processus de fabrication ancestral.


Les coussins et édredon @jaminidesign dans la chambre de La Boutique Appart'
Les coussins et édredon @jaminidesign dans la chambre de La Boutique Appart'

Une technique artisanale très ancienne


L’histoire des tissus imprimés aux tampons en bois remonte à la civilisation de la vallée de l’Indus, entre 3500 et 1300 av. J.-C., et les plus anciens vestiges de fragments de coton imprimés aux tampons ont été découverts lors de fouilles sur divers sites égyptiens, notamment près du Caire. Cependant, c’est sous le patronage des Moghols que l’impression aux tampons a prospéré en Inde. Les Moghols ont introduit les motifs floraux complexes qui sont encore largement utilisés dans les textiles imprimés à la main principalement dans la région du Rajasthan.


Le voyage des Indiennes et leur succès fou en Europe


Ces étoffes vont connaître un incroyable succès en Europe au XVIᵉ siècle. Elles apparaissent à Venise en 1570, à Marseille en 1575. Elles doivent leur nom au fait qu'elles étaient initialement importées des comptoirs des Indes. À partir de 1660, l'Europe s'enthousiasma pour les textiles indiens. Leur usage dans l'ameublement et l'habillement s'imposa dans les milieux aisés et les "Indiennes" constituèrent jusqu'aux trois-quarts des marchandises en provenance de l'Inde. La raison de leur succès tient avant tout à la matière première dont elles étaient composées : le coton, jusque-là quasi inconnu en Europe, dont la finesse, la légèreté, le lavage aisé et le caractère hygiénique assurèrent le triomphe. La deuxième raison du succès des "Indiennes" résidait dans l'emploi des techniques d'impression sur étoffe, dont l'Europe ignorait jusque-là le principe de fixation. Elles étaient peintes avec deux couleurs dominantes, le rouge, tiré de la racine de garance et le bleu, extrait de l'indigotier.


La folie pour les "Indiennes" fut telle en France que, pour protéger ses tisseurs de soie, de laine, de lin et de chanvre, une prohibition en interdit le port, la vente et la fabrication entre 1686 et 1759. Le port de ces vêtements pouvait être puni de la peine des galères et leur vente pouvait conduire à la pendaison. Une contrebande active, alimentée en partie par les marins de la Compagnie des Indes, approvisionna un marché clandestin et les "Indiennes" furent portées par toutes les élégantes, de la favorite du roi à la demoiselle de province.


Au XIXᵉ siècle, l'Inde est sous la domination britannique. La révolution industrielle prend son envol, la demande de coton explose dans le monde entier. L’artisanat textile devient marginal, le sous-continent indien se consacre désormais à l'industrie du coton, qui devient une ressource nationale majeure.

La fabrication de textiles tissés traditionnels ne réapparaît vraiment qu’au début du XXème siècle. Avec l'appel au boycott des textiles britanniques lancé par Gandhi en 1920, c'est l'avènement du khadi, ce coton filé à la main fortement lié au mouvement nationaliste indien, qui débouchera sur l'indépendance de l'Inde en 1947 et sur sa douloureuse partition.


Depuis, l'artisanat textile en Inde a renoué avec ses traditions et retrouvé sa vivacité. Il se caractérise par une grande variété de motifs chamarrés, obtenus grâce à différents procédés de tissage, broderie ou d'impression textile.


Les étapes de ce savoir-faire traditionnel ancestral


La fabrication des blocs en bois

C'est un processus fastidieux, les blocs eux-mêmes nécessitant plusieurs jours pour leur fabrication suivant la complexité du dessin. Les motifs sont d'abord dessinés sur un calque, puis reportés sur le bois. Généralement du bois de rose, du palissandre, du manguier ou encore du teck, du sycomore ou du poirier. Le sculpteur s'aide parfois d'un ingénieux outil, qui fait office de perceuse manuelle.



Le travail de sculpture à la gouge ou aux poinçons commence alors pour de nombreuses heures, suivant la taille du tampon et la finesse du motif.



Le tampon de bois ainsi obtenu est trempé dans l’huile pendant plusieurs jours afin de nourrir suffisamment le bois pour qu’aucune craquelure ne l’altère et permettre une meilleure adhérence de la teinture.  

Pour chaque couleur du dessin, un tampon de bois est sculpté. Un imprimé à 6 couleurs nécessitera donc la fabrication de 6 tampons qui seront ensuite utilisés successivement pour imprimer les textiles.


Le processus d’impression

Tout commence par un tissu qui est d’abord lavé. L'étape suivante consiste à épingler le tissu sur la table d’impression. Pendant ce temps, les couleurs sont préparées et conservées sur un plateau contenant de la colle et du pigment pour assurer une base à la couleur et lui permettre de se répandre facilement sur le tampon.


Une fois les tampons prêts, ils sont trempés dans la couleur puis pressés sur le tissu. Ce processus est répété encore et encore jusqu’à ce que la longueur du tissu soit couverte. Les artisans doivent faire preuve d'une extrême précision pour s’assurer qu’il n’y a pas de ruptures dans les motifs. S'il y a plusieurs couleurs, l’artisan attend que la première impression sèche, puis d’autres tampons sont utilisés pour les nouvelles couleurs.


Le tissu est laissé au soleil pour sécher, puis les couleurs vont être fixées et les métrages sont lavés à l’eau, à nouveau séchés au soleil et enfin repassés.


Toutes ces étapes étant réalisées manuellement, inévitablement de petites variations peuvent apparaître. À la fois charmantes et uniques, elles sont la garantie d'un travail de la main de l'homme et c'est ce qui en fait toute sa valeur et sa beauté. De plus, c’est une technique polyvalente et durable qui se prête aux productions à échelle humaine, bien loin des productions industrielles.


Aujourd’hui, le principal centre d’impression au tampon de bois en Inde est au Rajasthan, à Sanganer près de Jaipur, où certains ateliers sont très actifs sur le marché local comme à l’exportation.  Fin 2009, Sanganer a été reconnu en tant que Source Géographique. Depuis plusieurs centaines d'années, l’artisanat de l’impression manuelle au tampon de bois y est pratiqué. C’est un genre d’AOC mondial qui protège ce procédé.  

Si un jour vous avez l'opportunité de voyager en Inde et que vous visitez Jaipur, ne ratez pas le musée Anokhi qui rassemble des pièces anciennes et qui retrace l'histoire de cet incroyable savoir-faire.


Ce riche patrimoine textile indien a su se réinventer et, aujourd'hui, de jeunes designers s'en sont emparés et le revisitent pour qu'il ait sa place dans la décoration d'intérieur comme dans la mode.

Nappe et couvre lit aux motifs Chintz @jaminidesign à La Boutique Appart'
Nappe et couvre lit aux motifs Chintz @jaminidesign à La Boutique Appart'

À l’ère de l’intelligence artificielle et de la productivité des machines, les créations artisanales nous rappellent notre capacité à créer, notre humanité, la beauté dans l’imperfection, l’âme dans l’artisanat et les histoires gravées par les mains humaines.



 
 
 

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